Sakré Vakabon
Imaniyé Dalila Daniel
Roman caribéen
Parution en 2019
“Suite de Zaïre et Théophile, Pas de pitié pour les nègres!, voici Sakré Vakabon, Pas de liberté pour les nègres!
Ce roman met en évidence une des pages les plus sombres de l’Histoire de la Martinique. Il décrit la manière dont les esclavagistes, soutenus par l’Etat, ont conçu et imposé leur vision de la liberté aux anciens nègres. Il évoque le simulacre d’abolition de l’esclavage en 1848, l’injustice et la pression insupportable exercées sur le peuple condamné à la souffrance et à la misère, jusqu’à la sanglante insurrection du Sud, en 1871.
Voici l’histoire de milliers de vakabon qui se sont frayé un chemin de liberté, à travers les mailles serrées d’un projet conçu contre eux, sans eux. Les vakabon, héros et Mèt Piès de cette histoire, ont écrit quelques-unes des plus belles et douloureuses pages dans le grand livre d’Histoire de l’Humanité. “
Mon avis
Extrait de ce fameux livre qui résume brillamment mes sentiments
-Sakré vakabon!
Aux Antilles, se faire mal avec des mots est tout un art et il existe en créole, comme en toute langue, pléthore d’expressions indélicates et fleuries pour insulter et s’insulter. Ici, on peut être, sans grande conséquence, des Sakré kouyon, des Sakré enbésil, des Mal mouton, des Tébè, ou encore un Sakré isalop, si populaire dans les rues quand éclate le désordre.
Oui, dans ce foisonnant répertoire, entre Ay lavé tjou’w, l’insulte personelle généralement bien assumée et Bonda manman’w, quand ce n’est pas de sa koukoun qu’il est question, insulte des plus graves pouvant pousser au crime, il y a à rire, à pleurer et de quoi bien énerver son homme. Pourtant, entre tous ces gros mots, Sakré vakabon n’est pas une injure comme les autres.
Dans la bouche des gens d’ici, Sakré vakabon, c’est le juron suprême qui , en deux mots, vous rabaisse instantanément un homme plus bas que terre. Au moment où naît le vakabon, le mot désigne le pire de la condition humaine, c’est le hors-la-loi, le délinquant, le maudit, l’infréquentable même!
Le vakabon est celui qui vit dans la peur du gendarme, des chiens, des tribunaux et des prisons infâmes. Il est celui qu’on traque, qui se cache, qui fuit, celui qu’il faut fuir, voire dénoncer…
Qui voudrait, comme lui, se retrouver enfoui dans quelque sous-bois ou bien caché dans quelque fond? Qui aurait risqué à tout moment d’être arrêté, jugé et inévitablement condamné aux travaux forcés pour n’avoir pas payé ses impôts, pour ne pouvoir justifier de son temps libre, pour ne pas être resté travailler pour l’ancien esclavagiste devenu patron, pour le salaire de misère que ce dernier seul a décidé?
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