Contes initiatiques Peuls
Amadou Hampâté Bâ
Roman africain
Parution en 2000
“Njeddo Dewal, mère de calamité” : aux premiers âges du peuple apparut une terrible sorcière, Njeddo Dewal, mère de toutes les calamités, suscitée par Dieu lui-même pour punir les Peuls de leurs péchés… Au fil de multiples aventures à la fois féeriques et fantastiques, seul Bâgoumâwel, enfant miraculeux, pourra finalement triompher de la formidable puissance maléfique de Njeddo Dewal.
Kaïdara: Le voyage initiatique de trois compagnons, à travers un pays souterrain parsemé de rencontres symboliques et mystérieuses, vers la demeure du “lointain et bien proche Kaïdara”, dieu de l’or et de la connaissance. Sur le chemin du retour, un seul sortira victorieux de toutes les épreuves.”
Mon avis
Ce livre est composé de deux contes de la tradition orale des griots peuls, Njeddo Dewal, mère de la calamité et de Kaïdara.
Le premier conte commence par conter la vie idyllique que menaient les Peuls aux royaume mythique de Heli et Yoyo. Mais leurs mauvaises actions entraînèrent la punition divine du Dieu Guéno, qui créa Njeddo Dewal, par laquelle toutes sortes de calamités se sont abattues sur le pays. Mais deux hommes, Bâ-Wâm’ndé, et surtout plus tard son petit fils, Bâgoumâwel, vont venir à bout de la méchante sorcière.
Le deuxième conte, Kaïdara, raconte le voyage initiatique de trois compagnons, dans un étrange pays souterrain, dans lequel ils rencontrent des animaux étranges, vivent des événements inexpliqués, jusqu’à leur rencontre avec le dieu Kaïdara, qui leur offre un trésor d’or, trésor qui va faire le malheur de deux d’entre eux. Le troisième n’aura de cesse que de découvrir le sens mystérieux des événements qu’ils ont vécus.
Au premier abord, on peut penser qu’il s’agit de contes mystiques et fantastiques de l’imaginaire des peuls. Mais comme le souligne le titre, il s’agit de contes initiatiques qui transmettent un enseignement, un savoir, qu’il faut mériter, par une série d’épreuves dont la maîtrise et le courage sont de rigueur.
Cet enseignement caché pour les profanes, est expliqué par l’auteur. Il analyse brillamment la significations des symboles et des proverbes afin de nous plonger pour notre plus grand plaisir dans le monde riche et complexe des peuls.
Avant la création du monde, avant le commencement de toute chose, il n’y avait rien, sinon un être. Cet être était un vide sans nom et sans limites, mais c’était un vide vivant, couvant potentiellement en lui la somme de toutes les existences possibles.
Le Temps infini, intemporel, était la demeure de cet être-un. Il se dota de deux yeux. Il les ferma : la nuit fut engendrée. Il les rouvrit : il en naquit le jour. La nuit s’incarna dans Lexrou, la Lune. Le jour s’incarna dans Nâ’ngué, le soleil.
Le soleil épousa la lune. Ils procréèrent Doumounna, le Temps temporal divin. Doumounna demanda au Temps infini par quel nom il devait l’invoquer. Celui-ci répondit : “Apelle-moi Guéno, l’Éternel”.
Guéno voulut être connu. Il voulut avoir un interlocuteur. Alors il créa un œuf merveilleux, comportant neuf divisions, et y introduisit les neuf états fondamentaux de l’existence. Puis il confia l’œuf au Temps temporel Doumounna. “Couve-le avec patience, lui dit-il. Et il en sortira ce qui en sortira.”
Doumounna couva l’œuf merveilleux et le nomma Botchio’ndé. Quand cet œuf cosmique vint à éclore, il donna naissance à vingt êtres fabuleux qui constituaient la totalité de l’univers visible et invisible, la totalité des forces existantes et de toutes les connaissances possibles.
Mais, hélas, aucune de ces vingts premières créatures fabuleuses ne se révéla apte à devenir l’interlocuteur que Guéni avait désiré pour Lui-même.
Alors, il préleva une parcelle sur chacune des vingt créatures existantes. Il les mélangea, puis, soufflant dans ce mélange une étincelle de son propre souffle, il créa un nouvel être : Neddo, l’Homme.Synthèse de tous les éléments de l’univers, les supérieurs comme les inférieurs, réceptacle par excellence de la Force suprême en même temps que confluent de toutes les forces existantes, bonnes ou mauvaises, Neddo, l’Homme primordial, reçut en héritage une parcelle de la puissance créatrice divine, le don de l’Esprit et la Parole.
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