Les secrets du Bois moudongue
Les mondongues étaient les plus farouches opposants des esclavagistes chrétiens blancs de Saint-Domingue. Ils n’avaient pas peur de la mort et l’affrontaient chaque jour avec calme et sérénité. Ils ne voulaient pas que leurs enfants soient nés esclaves, donc à leurs naissances les mères mondongues enfonçaient une minuscule tige métallique dans le crâne du nouveau née qui mourait au bout de trois jours.
Les mères pouvaient espérer à chaque décès parce que cette âme allait revivre a Ilé Ifé la cité des fils du ciel, des orishas et d’Obatala.
Pour arrêter cette mortalité qui nuisait à coup sûr la production dans l’habitation, les esclavagistes ne savaient à quel saint se vouer. Les supplices de toutes sortes n’avaient aucun effet sur ces mondongues qui n’avaient pas peur de la mort.
Malheureusement, ils ont su par des traîtres qu’un mondongue mutilés croyaient qu’ils ne pourraient plus être réincarnés a Ilé Ifé. Pour se venger, ils ont lâchés les chiens.
C’est pourquoi les loas mondongues jappent et se nourrissent des oreilles des chiens,
Ou ka fé loa moudongue moin montem,
Si loa sa yo t la toujou voduisant patap lache konsa et ayiti
Pa tap nan eta sa
Pa kwe ou se vodouisant si ou pa revolte
Savalouwe jan foumi
Mais moudong comme bouliki ou kongo et toutes réminiscences qui rappellent l’Afrique, a en créole de la Guadeloupe une résonance très péjorative. Ainsi, dire de quelqu’un qu’il est mondong ou kondong c’est à la fois dire qu’il est violent, enragé, vulgaire, mal dégrossi, sauvage. Il y a des poulbwa mondong, variété de termites qui dévoreraient même le fer.
Il existe tout un quartier de Baie-Mahault qui s’appelle Moudong. Les Moudong, membres d’une ethnie africaine qui, pour des raisons esthétiques semble-t-il, se limaient les dents afin que les incisives ressemblent aux canines, ce qui leur donnait un air féroce et une réputation de cannibales.
Tandis que le bois Moudongue est considéré comme une plante « contre ». Placé devant les maisons, il protège contre les mauvais esprits et tout ce qui est maléfique. Une volée de bois moudongue, donnée à un engagé, chasse l’esprit qui l’habite. C’est un arbuste qui parle et est consulté par les quimboiseurs.
Mais, il faut lui glisser une pièce pour le payer.
Il faut également le faire quand on a cassé une branche par mégarde. On paye aussi pou en prendre une branche qui servira à confectionner un bâton protecteur. Le pécheur qui pense être l’objet de maléfices peut en placer à chaque coin de sa senne. Il est sûr alors de prendre tout le poisson qu’il veut.
Peut on envisager le lien entre ces différents aspect contraire « violent et sauvage » et « bienfaisant, brave » dans le contexte post-esclavagiste ?
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