Les faiseurs de pluie : les rituels de la Caraïbe
Chez les indo-caribéens : Le Kodoumpavi
Antan lontan (avant les années 60), la communauté indo-caribéenne faisait un kodoumpavi lors des périodes de carême afin d’apporter la pluie. Pour cela, on façonnait la terre afin de lui donner une forme humaine. Puis on le recouvrait de feuilles de bananier sèches. Quand il était terminé, on le traînait pendant des jours sur l’habitation, en faisant des chants et des prières. Ensuite on le brûlait à une embouchure de la rivière. Quand la fumée arrivait jusqu’aux nuages, elle les crevait et la pluie se mettait à tomber.
Les anciens racontent qu’il fallait modeler une statue de femme en pensant à celle du génie de la pluie qui se trouve à l’Est, ou comme disent les indiens, “en haut”, car ils prétendent que quand il ne pleut pas, c’est parce que le génie se trouve chez sa concubine “en bas”, donc à l’Ouest.
La statue ainsi modelée est parée de dents, on lui met des poils de cochon dans la partie inférieur de son cops en pensant ridiculiser le génie de la pluie. Elle est placée ensuite sur une charrette à laquelle sont attachés des crapauds tout autour.
Ces animaux symbolisent toutes les méchancetés que l’on peut faire subir à la femme légitime du génie de la pluie car en réalité il s’agit d’attirer son attention pour qu’il revienne chez lui. La charrette munie de son précieux chargement est tirée pendant neuf jours en passant par les endroits où l’on souhaite voir la pluie tomber.
En Haïti
Le don de faire la pluie et le beau temps n’est pas l’apanage des hougan et des boko. Il appartient à certains individus pourvus d’un pouvoir mystérieux dont ils font commerce. Le prix d’une bonne ondée sur un champ ensemencé était d’environ un dollar et quelques généreuse mesure d’haricots ou de maïs. Un faiseur de pluie (années 50) originaire de Marbial, affirmait que la pluie à une âme peu différente de la nôtre et à qui on peut parler. Il lui suffisait de réciter une oraison transmise par des pêcheurs de La Gonave. Les nuages se rendaient à l’endroit indiqué et y vidaient leur contenu.
Les petites Antilles
Dans les années 40 , on sollicitait mon grand-père pour apporter la pluie lors des méchants carêmes. Il disait que c’était un don de sa mère et ainsi de suite. Un don transmis malgré l’esclavage. Il jeunait et récitait des prières dans une langue inconnue en faisait un feu. Il brûlait des feuilles et racines bien précises.
Mais un jour il y a eu de grandes inondations, le voisinage a accusé mon grand-père d’être trop vieux pour ce genre de chose alors qu’il n’avait rien fait. De plus, on disait qu’il commerçait avec des diables. Des sottises accentuées par l’influence chrétienne. Très peiné, il est mort sans transmettre son don. Ma famille devenue chrétienne en avait cure. Mais avec du recul, je regrette de ne pas l’avoir interrogé.
Témoignage de la vieillesse (2021)
Sources :
-La migration de l’hindouisme vers les Antilles de Max Sulty et Jocelyn Nagapin
–Le vaudou haïtien d’Alfred Métraux.
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