Lapen blan

Antan Jézikri té gadchanpet Marigo, le lapin n’était pas seulement le héros d’un très grand nombre de contes. Selon les croyances populaires, lorsqu’il est blanc, il représente une puissance malfaisante, qui prend plaisir à s’installer au milieu de la nuit à des points de passage.

Qui essaierait de passer outre, dans un gué notamment, risquerait de s’égarer ou de se noyer.

Selon les anciens, c’est le diable qui a pris cette forme, par les nuits sans lune. Sa rencontre peut être mortelle pour les humains. Sé sa yo lé fè zot konprann ! Pou pa ou sav anlo bagay pou sové kò’w. Le lapin est un animal lunaire. Il dort le jour et gambade la luit. Comme elle, il sait apparaitre et disparaitre avec le silence et l’efficacité des ombres.

Sur le continent africain, beaucoup considéraient que les taches de la lune sont des lièvres ou lapins, ou bien un grand lapin. D’ailleurs dans l’Egypte ancienne, ils donnaient l’apparence du lièvre au grand initié Osiris.

La nuit voir un lapin blanc sur son chemin ou en songe est signe d’une proche initiation. C’est celui qui si tu le suis t’emmène dans le monde ésotérique où des secrets te seront révélés. Sé pa bagay djab ! Cela fait partie de notre chemin initiatique. Mais comme l’église a diabolisé tout ce qui s’approche du monde ésotérique, plein de personnes ont raté certains enseignements pour justement s’en sortir !
M. Athanase – tjenbwazè pour son entourage

Fok-ou sav !

Dans les années 40, un quimboiseur des environs du Gros-Morne en possédait un empaillé et monté sur des roues, jouet qu’il avait acheté au marché. Il le plaçait à la nuit tombée dans sa cour proche de la grande route.

Les passants attardés apercevaient l’animal et interpellaient l’intéressé : “Mussieu! Djab! Là dans la cour !”. Le charlatan répondait : “Bien je vais lui casser les reins !”

Après une bagarre, le lapin filait sous la maison. Le quimboiseur avait simplement tiré sur la ficelle et rentré son jouet. Mais tout le voisinage avait aperçu le diable sous la forme d’un lapin…

De nos jours, les gens oublient trop souvent le contexte historique où se sont forgé nos contes, légendes, “superstitions”, croyances etc. . La plupart du temps, c’est pour nous détourner du nannan.
M. Athanase

Un soir, j’avais rêvé d’un lapin blanc qui marchait devant moi dans un sentier. Puis j’ai vu subitement apparaître près de moi, une dame habillée en tenue de messe et la perruque presque de travers. J’ai directement pensé à mes tantes qui ma foi ont de l’argent mais leur perruques sont problématiques. Elle m’avait dit “qu’il fallait que j’étire mon côté gauche”. Du coup, j’ai commencé à faire des exercices d’étirement pour mon côté gauche. La dame m’avait regardé comme si j’étais le plus grand des imbéciles. Puis elle a rigolé tellement fort que je me suis réveillé en sursaut. C’est bien plus tard en découvrant le vodu haïtien, que j’ai compris qu’étirer mon côté gauche était mon coté lunaire, c’est-à-dire d’envisager une initiation.
Fred – 27 ans – Martinique

13 septembre 2023

Lapen blan

Fok-ou sav !

Vous aimerez aussi

Le ben démaré : transmission des traditions

Les plantes lanmou

Bon bagay pou kay-la

La Martinique, l’île des songes : chronique d’une aliénation de nos rêves

Koté lonbilik-ou téré ? Décryptage d’une pratique ancestrale oubliée

La magie de la femme : la médecine traditionnelle

Laissez un commentaire

Mon Instagram