Un cheminement initiatique: Le Fa
L’oracle FA ou IFA originaire d’Afrique de l’Ouest Yoruba a atteint le Bénin vers le 17ième siècle par l’intermédiaire du Nigéria. La ville d’Ifè au Nigéria reste pour tous les adeptes de cette voie évolutive le sanctuaire incontesté du FA. Au Togo, il est appelé Afa et au Nigéria Ifa. Le système de divination IFA a été ajouté en 2005 par l’UNESCO sur sa liste des “chefs-d’oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité”.
Le FA est à la fois science et divination, présidant au destin de l’homme. Il est un livre ouvert sur le passé, le présent et l’avenir, enseignant à l’homme ses liens profonds avec la nature, tout en lui dispensant grâce aux contes allégoriques liés à chaque arcane, une grande et très profonde sagesse existentielle. Le FA conduit le postulant des ténèbres à la lumière et fait de l’initié un homme régénéré, plus sûr de lui car ayant touché aux arcanes de son être profond. Le FA permet de retrouver la paix profonde et l’équilibre intérieur.
Science divinatoire
Petit point historique
Avant de devenir un moyen d’investigation et de décision reconnu, le Fa se pratiquait officieusement dans le Dahomey. Une anecdote historique explique comment cette pratique divinatoire a été adoptée par la cour royale d’Abomey.
Après que le roi Akaba (1685-1708) eut trouvé la mort sur le champ de bataille, le trône fut confié à sa soeur jumelle, Hangbé (1708-1711). Décidée à venger son frère, celle-ci lança une expédition punitive victorieuse. Malgré cela, elle fut poussée au bout de trois ans à abandonner le pouvoir au profit de son jeune frère, Agadja (1708-1740), alors que leur neveu aurait, selon les règles, dû être son successeur.
Maudit, Agadja ne put contenir l’invasion d’Oyo (Nigeria), dont le tribut allait bientôt ruiner son royaume. De surcroît, une terrible sécheresse, puis la famine, s’abattirent sur le pays. Désemparé, le roi Agadja se mit en quête d’une solution et confia son destin à un prêtre du Fa d’origine yoruba.
L’oracle lui révéla alors que, pour lever le mauvais sort dont il était victime, il devait d’abord présenter ses excuses à une dame offensée, dans laquelle le roi reconnut aussitôt sa soeur Hangbé. Il s’exécuta. Le prêtre du Fa entama alors les rituels requis, qui se conclurent par une pluie propitiatoire. Une fois sa mission accomplie, il retourna chez lui, mais Agadja le fit revenir à deux reprises, espérant qu’il continuerait à faire tomber la pluie (d’où le nom de « vendeur de pluie », « Djissa », qui fut donné au premier prêtre du Fa dans le Danhomè). Ensuite, le roi confia au prêtre deux de ses hommes de confiance pour qu’ils soient initiés à cette technique divinatoire.
Ce n’est qu’avec le temps que le recours à la divination Fa s’est généralisé, et, bien que popularisée, elle reste encore à Abomey sous le contrôle du roi. Dans le Bénin actuel, à côté du Fa, qui demeure très dynamique, nous pouvons constater non seulement une survivance du vodoun, mais aussi une vitalité, une vivacité retrouvée qui se traduit dans certains cas par un renforcement des initiations dans les différents couvents des divinités.
Le vodoun
Face à un monde difficile, qui change de plus en plus vite, le vodoun semble continuer à apporter des solutions. Il ne s’agit pas tant de sa dimension occulte simédiatisée, que de la partie immergée de l’iceberg, sa réponse aux difficultés que peuvent rencontrer ponctuellement les individus. Les prêtres vodouns sont souvent le seul soutien social d’un village, à qui les habitants confient leurs secrets et en échange de quoi il assure leur protection symbolique. Il en découle une certaine dépendance et une fragilité dont abusent ceux qui détournent les cultes en occasions lucratives, en proposant monts et merveilles à leurs clients.
Il apparaît néanmoins clairement que le vodoun continue de résonner dans le brouhaha de la modernité, le besoin de spiritualité demeurant intact derrière les masques de la technologie. On remarque toutefois des transformations structurelles, qui permettent au culte de s’adapter aux conditions de la vie dite moderne. Les statuts et les fonctions, comme ceux de prêtre ou de devin, y sont distribués autrement, de telle sorte que beaucoup plus de gens qu’auparavant acquièrent une certaine maîtrise du protocole religieux, tout en étant indépendants, c’est-à-dire libres de la structuration du culte présente dans l’ancien Dahomey qui en assurait hier le contrôle et la cohérence.
C’est ce qui explique que l’on assiste depuis le début de la colonisation, laquelle a vu s’affaiblir les structures royales traditionnelles, à une prolifération de divinités personnelles, que les gens peuvent acheter et entretenir, comme c’est le cas des dernières venues sur le marché des dieux, Tron, Koku, Djagli ou encore MamiWata.
Si la naissance de nouvelles divinités est constitutive du vodoun, certaines pratiques sortent toutefois du système construit, intégré et généralisé par lui. Elles permettent à d’aucuns de créer des cultes moins contraignants, car la rigueur dans la pratique du vodoun est telle qu’elle en éloigne souvent plus d’un. Toutefois, la base de ces cultes anciens et nouveaux, ruraux et urbains, reste la même : lorsque les difficultés exigent de vraies réponses, les adeptes d’Hébiosso, les chrétiens ou les évangélistes, tous finissent par se retrouver côte à côte dans les couvents vodouns pour y implorer ensemble l’aide des forces ancestrales.
La force du vodoun réside donc dans une croyance très ancrée et dans un système de pensée puissamment structuré. Si le vodoun demeure efficace, c’est qu’il est construit de manière à toucher l’homme dans ses fondements. Le vodoun embrasse la nature humaine.
Art divinatoire
Dans plusieurs pays d’Afrique, l’art divinatoire fa est utilisé pour apporter de nombreuses solutions à l’homme face à des problèmes qui dépassent son entendement. Le fa se généralise de plus en plus au reste du monde par son authenticité et par la fiabilité des résultats qu’il offre. Cet art divinatoire prend en compte de nombreuses réalités.
Pratiquée par un ou plusieurs prêtres de fa, cette voyance permet de résoudre de nombreux problèmes et de s’assurer les meilleures dispositions pour son avenir.
Le fa connaît un être suprême qu’il considère comme père de la création. Il reconnaît également de nombreuses divinités telles que Legba, Hebiosso, Tchango ou Ogun qui serait des serviteurs du créateur. Ces entités représentent divers éléments et ont diverses fonctions. Le fa est très pratiqué dans les pays d’Afrique comme le Bénin, le Togo ou le Nigéria où il est très développé. Son origine remonte cependant à l’Égypte antique.
Cette pratique se retrouve également dans des pays de l’occident souvent sous d’autres appellations.
Pour répondre à votre préoccupation, il est nécessaire de passer une consultation sur vos préoccupations et sur vos intentions. Au bout de cette consultation, le prêtre de fa obtient les réponses à vos préoccupations. À chaque consultation est assigné un arcane ou un signe parmi les 356 existants. À chaque signe correspond une réalité, des menaces, une liste de choses à faire, et des rituels purificateurs à mener. Le moyen de communication avec la divinité varie selon le type de fa, mais le principe demeure le même. Les principaux moyens sont :
- Les noix sacrées ;
- Les cauris ;
- Les coquillages ;
- Le chapelet divinatoire ;
Le signe de géomancie est associé à un symbole illustré par deux vagues verticales sur quatre lignes de tirets en singleton ou en doublé. La pratique du fa relève du sacré et du divin et c’est pourquoi l’initiation des prêtres de fa demande de grandes étapes et de nombreux rituels. Le fa prend en compte plusieurs facteurs durant la phase de consultation et durant la phase des cérémonies de sacrifice. Durant ces cérémonies, différents animaux sont souvent offerts aux divinités.
Réalisé à grande ou petite échelle pour des besoins personnels, le fa permet d’anticiper sur son avenir, de briser des malédictions et également de bénéficier de protection pour l’évolution dans ses projets. Il a cependant un principe essentiel : celui de toujours agir en bien pour espérer les résultats.
La cosmogonie Fon
Au pays Fon, l’être suprême est appelé MA WU-LISSA par le Fon.
MA WU-LISSA est le père céleste tout puissant . C’est le maître incontestable et jamais contesté, de toute éternité, du ciel et de la terre.
MA WU-LISSA est le père infiniment patient et miséricordieux, infiniment bienveillant et bon pour toutes les créatures qui lui obéissent et pratiquent ses commandements. Autour de lui et sous sa puissante Autorité gravitent des divinités connues sous la dénomination de « Vodouns ou Orishas ».
Ce sont les voduns et Orishas qui sont en réalité objets de cultes. Ils sont considérés comme les intermédiaires entre les hommes et MA WU-LISSA. Leur mission est d’intercéder en permanence pour les hommes auprès de l’unique Dieu suprême qu’est MA WU-LISSA.
Ils le font dans les limites strictes et rigoureuses du pouvoir que MA WU-LISSA a bien voulu concéder à chaque divinité dans un domaine qui lui est exclusivement réservé.
Chaque Vodoun reste rigoureusement dans le cadre que MA WU-LISSA, Dieu le père, lui a tracé. Seul maître dans sa sphère de compétence, il ne peut se hasarder à en sortir. Mieux, comme ils relèvent tous de l’autorité d’un seul et même maître, les Vodouns exigent que les cultes dus aux uns et aux autres soient correctement et régulièrement rendus. Les manquements à un Vodoun sont signalés par l’un quelconque des autres pour réparation immédiate. En cas de résistance, ou de désobéissances répétées, le Vodoun offensé frappe par représailles avec la complicité du silence de ses pairs.
MA WU-LISSA
Dans ce système cosmologique, MA WU-LISSA (féminin-masculin), le tout puissant, source unique de vie et de tout ce qui a rapport à la vie, est le MAÎTRE absolu du visible et de l’invisible.
C’est lui seul qui fait le bonheur d’un homme respectueux, en théorie comme en pratique, des commandements de son créateur. Tout patient et tout miséricordieux qu’il est, il fait expier à la créature qui lui désobéit et viole en permanence ses lois, les fautes qu’elle commet par récidives.
MA WU-LISSA, bienveillant et bon pour tout ce qu’il a créé est aussi appelé DADA SEGBO. DADA SEGBO », c’est le nom d’appellation de MA WU-LISSA quand on veut le louer, lui adresser ses prières et ses supplications pour la réalisation de ses vœux les plus chers et la réussite dans ses entreprises. Car, tout le monde est profondément convaincu que le créateur veille sur ses créatures, suit chacune d’elles, la guide et la protège en tous temps et en tous lieux.
C’est cette conviction profonde qui explique et justifie la foi inébranlable que chacun a en son vodoun dans le bonheur comme dans ce qu’il peut considérer comme son malheur. A la tête des vodouns et divinités se trouve bel et bien MA WU-LISSA, Dieu suprême, maître absolu et unique de l’univers, de tous les êtres animés et inanimés, ainsi que de tous les phénomènes que vit et subit le monde.
La descendance
MA WU-LISSA a généré deux grands vodouns. Ce sont ces deux grand vodouns qui sont, en vérité, les géniteurs de tous les Vodouns, esprits et divinités dont nous avons parlé plus haut. Les deux grands Vodouns ont pour noms: SAKPATA et HEBIOSSO SAKPATA.
SAKPATA
C’est à ce «Grand Vodoun que MA WU-LISSA a confié la gestion de la planète Terre. Très craint et très redouté, il est respectueusement appelé «AIN ON» qui veut dire «Propriétaire de la terre». En tant que Maître de la planète Terre, le Grand Vodoun SAKPATA serait la mère affectueuse qui a porté en son sein toutes les créatures de Dieu, des plus simples aux plus complexes, de la plus petite à la plus grande.
Mère nounicière, le Grand Vodoun SAKPATA est détenteur de toutes les richesses de notre planète dont il comble à profusion l’Homme. Mais, en dépit de sa grande bienveillance et de sa grande bonté sans limites, le grand Vodoun SAKPATA est terrorisant et terrifiant, parce que très intransigeant et d’une extrême sévérité ; Tout coupable, conscient à ses yeux, est châtié sans pitié aucune et parfois même sans appel. L’une de ses plus grandes sanctions est la variole dont il est le Dieu.
Et il n’y a pas encore très longtemps, tous ceux qui étaient «frappés» de variole étaient considérés comme damnés ; ils devaient être isolés dans la forêt, loin des humains, abandonnés à leur triste et douloureux sort ; Ils n’obtenaient la guérison et la réintégration au milieu des hommes qu’après de nombreux et onéreux rituels. L’on comprend alors toute adoration qu’on lui voue et la grande crainte que l’on a à prononcer son nom, surtout la nuit.
Le grand vodoun SAKPATA, Dieu de la prospérité, est un Dieu Androgyne qui a donné naissance à deux petits esprits androgynes. L’un est mâle et l’autre femelle . Il s’agit de «DADA ZODJI» et de «NYONHO ANAN OU». Tous deux, ils ont engendré à leur tour beaucoup de descendants parmi lesquels on peut citer: «DA LANGAN>>,«AGBOSSOU», «DA TOKPO», «AHOUANMLANGNI», «SOUNVI NINGUIN», «NOUDJENOUME» etc ….
Et nous nous trouvons ainsi en présence de tout un panthéon de divinités. Tous ces esprits vivent sur la planète terre. Chacun d’eux possède son domaine d’actlvités, ses attributs propres et ses fonctions spécifiques. LE GRAND VODOUN SAKPAT A, DEESSE, fille aînée de MA WULISSA, mère nourricière de toutes les créatures, a un frère qui est aussi son un époux. Ce frère a un nom : HEBIOSSO.
HEBIOSSO
De son vrai nom HEVIOSSO, A HEBIOSSO est le second Grand Vodoun né directement du Dieu Suprême A MA WU- LISSA. Il est le Grand Maître du Ciel. Son nom HEVIOSSO provient du petit village Popo de Hêvè, situé en bordure de la lagune en Pays Hwéda; il serait la contraction de «llêvè é so)) qui signifie il vient de Hêvè ; ou encore «Hêvè vodoun wan so)), ce Vodoun vient de Hêvè. A LE GRAND VODOUN HEVIOSSO, communément appelé A A HEBIOSSO, MAITRE du ciel, féconde la planète terre en sa qualité de divinité mâle.
Dieu de la pluie, il est à l’origine de toute production humaine, animale et végétale. C’est le Dieu de l‘abondance des récoltes. Il se trouve être ainsi l′artisan du bonheur de l’homme ; il serait en liaison étroite avec les forces surnaturelles des océans et des mers. C’est lui qui favoriserait la multiplication des poissons dans leurs milieux naturels.
Comme son épouse le grand vodoun SAKPATA, le grand vodoun HEBIOSSO a lui aussi procréé des divinités qui ont des noms : SOGBO, Dieu, esprit mâle, NAETE, Dieu, esprit femelle, AGBE, GBADE, ACCLONME, A VLEKETE etc.
Chacune de ces divinités, descendantes du vodoun HEBIOSSO, a ses pouvoirs et ses attributs particuliers. Aucun de ces esprits ne fait usurpation de titre et de puissance; aucun n’empiète sur le domaine de son homologue. Le respect scrupuleux de l’un et de l’autre est sacré et inviolable.
Fidèle à sa nature de distributeur de biens et de faiseur du bonheur des hommes, HÊBIOSSO ne tolère point les forces du mal qui s’évertuent, par cynisme, à nuire aux innocents. Aussi, dans sa colère rageuse, foudroie-t-il tout ce qui, homme, animal, arbre et autres, sont de nature nuisible et nuisante.
Tous ceux qui, aigris et revanchards, cyniques et cruels, décident de faire du mal aux autres, ou tout simplement de les anéantir pour assouvir leur haine, leur cynisme et leur cruauté, sont les victimes toutes » désignées de la furie de HEBIOSSO. Ils reçoivent de sa part un châtiment exemplaire à la mesure de leurs forfaits.
Conclusion
Le maître suprême du monde, le créateur du visible et de l’invisible, le Dieu suprême, MA WU-LISSA ne reçoit de façon formelle, aucun culte de la part des hommes, malgré sa grandeur incommensurable et sa puissance absolue sur l’univers. Tout se passe comme s’il avait décidé de frapper tous ceux qui pousseraient leur témérité jusqu’à LE représenter et à LUI vouer un culte.
En réalité, MA WU-LISSA a créé la terre et tout ce qu’elle porte et l’a dotée de vodouns. Les vodouns, ce sont des divinités, des esprits auxquels, MA WU-LISSA a délégué une partie de sa puissance. Il leur a donné tous les pouvoirs pour rendre l’homme heureux et pour assurer sa sécurité sur la terre.
Les vodouns, esprits ou divinités, sont représentés par des personnages, des animaux et des objets. Ce sont eux que l’on adore quotidiennement. C’est à eux les cultes et les libations.
Les vaudouns, les fétiches ou les divinités ne sont pas le produit de l’imagination fertile d’un peuple primitif ou sauvage. Ils sont l’émanation du Dieu Suprême qu’est MAHU-LISSA, créateur du ciel et de la terre, détenteur de tout pouvoir dans l’absolu et maître suprême de toute puissance. A ce titre, ils sont les sources des diverses énergies émanant de Dieu MAHU-LISSA. Ainsi, non seulement ils méritent respects, adorations et cultes, mais ils sont aussi à craindre, on ne peut donc pas les violenter ou les profaner impunément. Tout sacrilège à leur égard est sévèrement sanctionné ou réprimandé.
Pour ma part, le vaudoun n’est ni une force destructrice, ni une force maléfique. Ce sont les hommes qui le commettent à des œuvres négatives pour ne pas dire criminelles sous leur responsabilité exclusive.
Le culte de la mort
La croyance à une autre vie des morts est une réalité vivante pour les peuples FON, GOUN, MAHI etc .. .
Il n’est donc pas étonnant que ces peuples pratiquent le culte des morts. Profondément convaincus que les morts continuent de vivre une autre vie supérieure à celle des vivants de notre monde, les peuples du Sud-Bénin leur témoignent affection, attachement et reconnaissance à travers un culte à la mesure de leurs espérances, mais aussi à la mesure de leur panique.
Ainsi, dès qu’un parent décède, on consulte le FA, messager de l’être suprême pour savoir de quoi il est mort et recevoir de lui des directives pour ses obsèques et ses cérémonies. C’est le MEE DJA YI FA (le FA de celui qui est tombé).
Il faut retenir que le devin qui fait cette consultation doit être étranger à la famille et à la collectivité éplorées. Et si ces dernières ont un devin en leur sein, celui-ci ne peut qu’assister l’étranger. De plus, respecter scrupuleusement toutes les révélations et toutes les prescriptions du FA est une obligation absolue. Faire volontairement et consciemment un rajout ou une soustraction est mortel. La mort prématurée, et dans des conditions non élucidées jusqu’à ce jour, d’un devin et de son assesseur corroborent cette extgence.
Il serait fastidieux de vouloir insister sur le détail des rituels post obsèques qui varient selon les collectivités familiales. Tous ces rituels, en dépit des différences évidentes qu’ils comportent d’une famille à l’autre, visent un seul et même objectif : Honorer et adorer les défunts pour s’attirer leurs bonnes grâces et s’épargner les conséquences néfastes de leur colère. La fin des rituels des trépassés marque le début d’une adoration perpétuelle.
En effet, pour clore les rituels, on installe le “ASSIN” du trépassé. C’est une sorte de parapluie métallique fichée en terre qui symbolise le parent disparu. En général une case spéciale est réservée aux “ASSINS”. Cette case est appelée: “‘YOXO” (yoho) ou “ADJRALALA-SA” ou “ODJUORI”. Dans cette case on dénombre autant de “ASSINS” que de défunts dans la famille ou dans la collectivité.
Avec les “ASSINS” on établit l’arbre généalogique de la famille ou de la collectivité et on met en place une sorte de statistique des défunts. La symbolisation du disparu n’est pas la même patout chez les peuples du Sud-Bénin.
Le culte des morts n’est pas que occasionnel ou annuel. Il est aussi quotidien. Les défunts mangent, boivent. Ils font tout ce que font les vivants. Aussi faut-il toujours avoir de l’eau à la maison et ne jamais manquer de mets chez soi !
Les plats dans lesquels on a mangé, ne doivent pas être lavés la nuit. Les morts viendront les utiliser à leur tour pour se restaurer la nuit. Au cours des bains nocturnes, il faut éviter d’utiliser le savon : la mousse blanche du savon fait penser au linceul blanc du mort.
Notons pour finir que les collectivités familiales d’origine yoruba ne s’arrêtent pas seulement aux “ASSINS”. Elles habillent les morts et les rendent visibles aux vivants: ce sont les ”EGUNGUN” communément appelés “REVENANTS” qui sont richement parés pour prier pour les vivants et les égayer.
La mort, chez les peuples du Golfe du Bénin apparaît comme une “TRANSFIGURATION” de l’être humain. Le “TRANSFIGURE” devient l’ange gardien des siens, leur pourvoyeur en bonheur en sa qualité de connaisseur du monde terrestre. Aussi les peuples du Sud-Bénin adorent-ils leurs morts non seulement par fidélité à leur mémoire, mais surtout pour être toujours dans leurs bonnes grâces.
Le Fa
Disons à présent un mot sur le Fa dont le grand prêtre est le Bokonon, sur ce qu ‘il est et sur le rôle qu’il joue dans la vie du Fon comme dans celle des peuples du Sud-Bénin.
Le Fa, aux dires des anciens et des grands Bokonons est le dernier né de toutes les divinités, des dieux , donc le benjamin et par conséquent le fils que MA WU-LISSA aime et affectionne particulièrement. Il jouit de la vision constante et permanente de Dieu, ce que les autres dieux n’ont pas.
Lègba par exemple, aux dires des grands Bokonons en est privé car c’est un messager. Ainsi , jouissant de la vision permanente de MA WU-LISSA, il a pour mission de communiquer aux hommes les desseins de Dieu, ses pensées et ses volontés. Il connaît tout de toute chose, de chaque Homme et se trouve ainsi être le porte-parole de Dieu. Pour le Fon, le Fa est le phare qui éclaire la destinée de toute chose ici-bas. C’est lui qui détermine les rapports entre la créature et le créateur, avec l’être divin et l’au-delà.
Selon le Fon, seul le Fa peut indiquer aux Hommes, la manière de vivre, de se comporter, de se conduire pour avoir le bonheur ici-bas, d’où son importance primordiale. On comprend alors tout l’attachement que lui accorde le Fon et le rôle capital qu’il joue dans sa vie.
Le Fa se présente ainsi comme un système de divination dont seul le devin connaît le secret. Il a un langage symbolique qui se traduit par des traits qui forment des signes. Il implique une technique qui nécessite un long apprentissage, en sorte une formation, une initiation.
En somme, le Fa est un moyen qui permet de révéler les desseins de Dieu, une technique, un art qui permet aux devins de communiquer avec Dieu, les dieux, l’au-delà, les ancêtres, les défunts etc … Il est utilisé dans les moments critiques de la vie tels que : maladie graves, décès, naissances, mariages etc …
Détenteur de tous les secrets divins selon le Fon, le Fa se trouve être la clé de voûte qui donne la solution à tous nos problèmes ici-bas. Il est aussi et surtout la clé qui donne accès à la connaissance de toutes les causes qui déterminent la naissance, la mort, le comportement, l’évolution, la psychologie, en un mot, les mœurs et les coutumes de l’homme selon le Fon. Il est donc une nécessité impérieuse pour les peuples noirs de s’efforcer de le connaître de façon rationnelle et scientifique.
Conclusion
La mythologie des peuples Fon est complète et se suffit à elle-même. Faut-il rappeler qu’elle comprend: une être suprême MA WU-LISSA, créateur de l’univers et de toutes choses, maître suprême du monde visible et invisible.
MA WU-LISSA a généré deux grands vodouns: Hêbiosso ou Hêviosso qui a en charge le monde céleste : c’est un vodoun mâle qui féconde la planète terre. Sakpata, vodoun femelle, mère nourricière, pourvoyeuse de richesse et de bonheur.
Elle porte en son sein toutes les créatures de Dieu : Sakpata est le maître de la planète terre. Ensuite viennent les autres puissances telles que : la sorcellerie, les ancêtres, le lègba, le Fa etc …
Les grands vodouns ont donné naissance à des panthéons de vodouns que l’on peut dire secondaires. Les grands vodouns Hêbiosso et Sakpata qui gouvernent, le premier le ciel et le second, la planète terre, forment avec le maître suprême MA WU-LISSA, l’ unique Dieu du monde entier, un Dieu trinitaire.
Mais alors, MA WU-LISSA n’est jamais représenté, et ne fait l’objet d’aucun culte, d’aucune adoration. Ce sont les grands vodouns et leurs descendants qui sont sujets à représentation “et reçoivent tous les cultes d’ adorations. Leurs missions, faire connaître l’Etre suprême, le faire respecter, aimer et craindre, sauver la vie, rendre l’homme heureux sur la terre et respectueux des commandements du Dieu suprême, punir toutes les défaillances répétées ainsi que tout entêtement dans la désobéissance à l’être suprême.
Ainsi donc, toute la vie du fon s’articule autour de ces considérations. De la conception d’un Dieu suprême MA WU-LISSA qui englobe tous les systèmes voire panthéons (Hebiosso, Sakpata et leurs dérivés), nous pouvons déduire l’autorité du Roi qui a droit de vie et de mort sur tous ses sujets et que le Fon nomme respectueusement «DADA Sè mè Do» qui signifie le père propriétaire. De la composition des divers panthéons des dieux, nous avons le reflet de r organisation étatique, politique et sociale du pays.
Car de même qu’à la tête d’un panthéon, il y a une divinité principale avec sous ses ordres, d’autres petites divinités, de même chaque région a à sa tête un chef de région et sous son contrôle de petits chefs. Le culte des morts appelé “TOHIO” nous donne l’image de l’organisation des clans, des collectivités et des familles.
Le fon s’accroche à sa religion, parce qu’elle lui donne la réponse à ses inquiétudes, le soutien de ses actions et les moyens de faire face aux nombreuses difficultés de la vie, d’où sa confiance et sa foi totales en ses vodouns et l’attachement indéfectible qu’il a pour sa tradition.
Sources:
–Wikipédia
-Le FA: une géomancie divinatoire du golfe du Bénin de Remy T.Hounwanou
-Le musée du Vaudou à Strasbourg
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