Les plantes brûlantes
Leur fonction principale est de piéger ces créatures malfaisantes de la nuit nommées souklian ou soukougnan, qui comme les dorlis, s’introduisent dans les maisons, même si, ici, le but n’est pas d’avoir des relations sexuelles avec les occupants endormies, mais simplement d’y hanter les habitants.
Le mot souklian ou soukougnan, serait une corruption du mot peul soukounyado signifiant “esprit volant”. C’est sous cette forme que les sorciers d’Afrique l’Ouest allaient ( et vont toujours) hanter leurs ouailles.
Dans le cadre d’une démarche de dédiabolisation de nos savoirs ancestraux, peut on envisager qu’à l’origine la pratique de l’esprit volant permettait par exemple de fuir rapidement le village lors d’une attaque ?
Afin d’alerter le voisinage, tout comme le “dorlis ” qui discrètement se mouvait dans l’obscurité de la nuit?
Une des particularités du souklian est qu’il se défait de sa peau une fois introduit dans la maison. Peau qu’il accroche à un clou généralement. Une manière efficace par tant d’autres de le piéger, consiste à badigeonner celle-ci de préparation à base de plantes “brulantes”.
Le souklian se trouve puni puni pour ses méfaits, car obligé de remettre sa peau, il souffrait le martyr à son tour. Et quelquefois même, ne pouvant le remettre à cause des brulures, il est voué à disparaitre définitivement du lieu qu’il hante. La plante majeure utilisé dans ce mauvais tour, est bien entendu, le piment -Capsicum – . On utilisera indifféremment le bonda man Jak ou le piman-zwézo.
Beaucoup de réflexion sont menées sur cette coutume d’utiliser des plantes “brulantes” pour détourner le Mal cherchant à s’immiscer dans les maisonnées. Certains auteurs font le parallèle avec le fait que les esclaves, après avoir été fouettés, étaient systématiquement frictionnés avec une préparation à base de citron et de piment.
D’où le nom de “pimentade” donnée à cette préparation. C’est -nous explique le père Labat toujours très prolixe pour justifier le système servile -, une saumure dans laquelle on a écrasé du piment et des petits citrons. Cela cause une douleur horrible à ceux que le fouet a écorchés, mais c’est un remède assuré contre la gangrène qui ne manquerait pas de venir aux playes.
D’autres espèces “brulantes” participent à ce processus de prévention apotropaïque travesti. On a bien entendu, l’ortie et d’autres espèces dont le nom comporte le mot “piment”, même si d’ailleurs elles ne “brulent” pas véritablement mais sont simplement mordicantes, acres ou vésicantes.
Les plus connues sont : le “mahot-piment”– l’akaya blan – le piman-tè et le “piman-bèf”. L’écorce du premier : maho piman est brulante et vésicante. Les Kallinagos d’ailleurs, font une décoction avec ses feuilles et l’utilisent en ablutions contre les “piayes”.
C’est une plante qui joue rôle dans la protection des maison contre les mauvais esprits. Pour cela, il faut en faire des liens ou des croix aux quatre coins de la maison. Il joue le rôle d’un insecticide quand on le met au cou des cochons.
Une corde de mahot piment placé autour des reins sert à soulager les maux de ces organes.
Ajoutons que, comme toutes les espèces comportant le mot mahaut (maho), lequel désigne les cordages en langue Kallinago, elle est quelquefois utilisée pour la confection de cordelettes.
Sources:
-Plantes magiques de la Martinique et des Petites Antilles Livre I d’Emmanuel Nossin
–L’abc du magico-religieux de Geneviève Leti
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