Poul pa ka vanté bouyon-yo
Il était une fois une poule qui n’arrêtait pas de bavarder. Elle racontait ses exploits. La beauté de son plumage. La grosseur de ses œufs. La cœur qui lui faisaient les coqs etc, etc. Voyant cela, ses amis la mettaient en garde.
–Tu parles, tu parles, lui disaient-elles. Mais fais attention. Tout manger est bon à manger, mais toute parole n’est pas bonne à dire. Parle des autres si tu veux, mais le moins possible de toi-même.
Sur ces conseils, la poule se retint quelque temps de parler. Mais ce fut plus fort qu’elle. Une fois, la conversation porta sur la saveur des plats. On vanta le boudin de cochon, le civet de lapin, le ragoût de mouton, la brochette de lambis, etc. Notre bavarde n’y tint plus.
-Et moi, s’écria-t-elle, je vous le dis. Tout ça ne vaut pas mon bouillon. Quand on y met ce qu’il faut de poivre, de bois d’inde, de clous de girofle, de gros thym, etc…et qu’on laisse bien mijoter, tous ces plats dont vous parlez peuvent aller se rhabiller.
Or, parmi ceux qui l’écoutaient, il y avait Jacquot, le perroquet. Il n’eut rien de plus pressé que d’aller rapporter à sa maîtresse ce qu’il avait entendu. Celle-ci, ce dimanche-là, avait justement des invités. Elle leur servit, bien entendu, un très bon bouillon de poule. Le conte n’en dit pas plus.
Contes des quatre croisées de Georges Mauvois
Laissez un commentaire