Cœur Tambour
Scholastique Mukasonga
Roman rwandais
Parution en 2015
“Les tambours ont-ils un cœur ? Sans doute si ce sont les tambours sacrés du Rwanda. Et Nyabingi, l’Esprit redoutable de la mystérieuse reine Kitami, peut-il s’emparer d’une petite fille ? Évidemment, si son penchant irrésistible pour la solitude et la rêverie la conduit trop souvent sur les rives du marais où la guette une vieille sorcière.
Et c’est ainsi que Prisca, la petite villageoise d’une colline du Rwanda, devient Kitami, la vedette qui, par ses improvisations magnétiques, envoûte le monde entier. Et Kitami, la déesse africaine, fait retentir Ruguina, le tambour sacré, du Rwanda à la Jamaïque, du Bronx à Salvador de Bahia. Mais la fin de Kitami se révèle être une véritable énigme : le ventre de Ruguina en garde peut-être le secret.”
Mon avis
Un journaliste se penche sur la mort de Kitami, chanteuse africaine, mystérieusement écrasée par un énorme tambour sacré, retraçant ainsi la carrière d’un groupe de musiciens batteurs de tambours, issus des îles de la Caraïbes. Voyageant aux sources de leur musique vers un pays où la colonisation a interdit les tambours, symbole de luttes d’insoumission et de guérillas, le groupe trouve son âme dans le chant envoûtant d’une jeune fille Tutsi possédée par l’esprit d’une grande reine.
Prête à tout pour fuir un pays où son statut de minorité ethnique la destine au mariage forcé avec dignitaire Hutu. Prisca va devoir maîtriser ses transes orgiaques et accorder sa grande voix aux tambours des Antilles afin de devenir la grande chanteuse Kitami.
Les musiciens qui composent ce groupe sont animés par l’envie de rendre hommage à leurs origines africaines. Il s’agit d’un rasta jamaïcain, qui a salué l’arrivée de Haile Selassie sur son île; un Guadeloupéen qui raconte l’émergence du gwoka, une musique de résistance face à l’esclavage; et un homme qui se définit comme rwandais ou ougandais, selon la façon dont les autorités européennes ont découpé les pays d’Afrique.
Mais avant de quitter le pays au milles collines, Prisca et les musiciens vont devoir retrouver le grand tambour ancestral sacré du Rwanda avant que les Hutus le détruisent. Elle deviendra célèbre car ce tambour ancestral, mythique l’a choisie pour chanter ses louanges. La métamorphose est alors complète. La jeune fille deviendra la grande chanteuse Kitami dont la voix et les paroles touchent au plus profond le cœurs des auditeurs. Mais à quel prix?
Une belle lecture si on accepte de se faire envoûter par des légendes et les croyances ancestrales rwandaise. Le verbe de Scholastique est tantôt chatoyant par ses descriptions tantôt inquiétant lorsqu’il s’agit de rendre hommage au Tambour légendaire, l’âme même du peuple Rwandais.
L’Afrique nous parle à travers ce tambour, Nyabingui/Kitami à travers cette chanteuse ; elles chantent la libération des Noirs et le malheur que sont les Blancs.
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