Kintu
Jennifer Nansubuga Makumbi
Roman africain
Parution en 2019
“Les malédictions ont la vie dure. Depuis que Kintu, gouverneur d’une lointaine province du royaume Buganda, a tué accidentellement son fils adoptif d’une gifle malheureuse, en 1750, un sort est lancé sur tous ses descendants, les vouant à la folie, à la mort violente, au suicide.
Et en effet, trois siècles plus tard, les descendants de Kintu semblent abonnés au tragique: Suubi harcelée par sa sœur jumelle qu’elle n’a jamais connue, Kanani le”réveillé” évangéliste, fanatique mais lubrique, Isaac Newton, torturé par l’idée d’avoir transmis le sida à sa femme et à son fils.
Et enfin, Miisi le patriarche, l’intellectuel éduqué à l’étranger, hanté par des visions et des rêves où s’invitent l’enfance, les esprits, l’histoire du clan et de la nation tout entière. Un par un, ils sont appelés par les anciens du clan dans une forêt aux confins de l’Ouganda, en une ultime tentative de conjurer le sort.”
Mon avis
Les terres d’Afrique sont riches d’évasions, de langues, de prières, de traditions d’amours mais aussi de sangs et de légendes. Kintu nous laisse découvrir sa longue descendance en même temps que l’histoire de cette province d’ Afrique: le Buganda ( le plus grand des royaumes traditionnels actuels de l’Ouganda) de 1750 à nos jours. A travers sa multitude de descendants, nous plongeons avec curiosité dans cette histoire africaine, pleine de magie (science ancienne) et de malédiction. Cette histoire familiale puisant sa force dans les traditions va traverser le colonialisme, mais aussi se perdre entre le pragmatisme occidental et la mystique africaine.
Frappés par une malédiction familiale, les descendants de Kintu sont voués à la mort violente ou à la folie. Mais dans ce pays marqué par la colonisation, on se détache de plus en plus des croyances traditionnelles pour les remplacer par une religion, une éducation occidentale ou par le déni pur et simple. Par ses personnages Jennifer Nansubuga Makumbi nous retrace leurs tragédies hauts en couleur harcelés par leurs ancêtres mais incapables de le comprendre car leurs esprits occidentalisés ne sont plus ouverts à leurs racines et à leur héritage culturel.
Mais heureusement, les multiples branches de la tribu de Kintu ont encore quelques racines bien ancrées aux traditions. Et qui pourront enfin briser cette malédiction par des rites et prières à travers un grand rassemblement familial.
Jennifer Nansubuga Makumbi nous conte admirablement le poids des traditions, les transmissions familiales, la puissance des liens, des mystères venus d’ailleurs, les effets de la gémellité, la beauté d’un pays, le cœur battant d’un peuple. Ce que j’ai particulièrement aimé, c’est que ce roman soit une sorte de lettre d’amour à la préservation de la culture traditionnelle ougandaise. En effet, le récit m’a fait voyager et découvrir les racine oubliés de mes ancêtres pour mon plus grand bonheur.
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